3 jours à 3000 mètres



Début août , mon camarade Maxime Daviron et moi-même partons en direction du Cirque de Gavarni , à la frontière Franco-espagnole pour 3 jours et 2 nuits dans les hauteurs des Pyrénées.

Départ le 4 , en milieu d'après- midi de Toulouse , arrivée sur place vers 18h30 ; c'est 4 heures de marche et près de 1000 mètres de dénivelé qui nous attendent jusqu'à notre destination , la brèche de Roland , où nous passerons les 2 prochains jours, à flanc de falaise, à près de 3000 mètres d'altitude.

Si le début de l'ascension se passe sans problème , passé 2500 mètres , le manque d'oxygène commence à se faire sentir : je respire vite et me fatigue plus rapidement qu'à mon habitude. Alors que je marque une petite pause pour boire un peu et me reposer , j'en profite pour réaliser les 1ères images de ce séjour. La combinaison des montagnes , des nuages et de cette lumière de fin journée offre un spectacle magnifique depuis cette étroite vallée encaissée dans laquelle nous nous trouvons.





La marche reprend et nous ne tardons pas à arriver au refuge de Gavarni , qui domine le cirque du même nom. La combinaison de lever de lune et de soleil couchant me fait encore sortir mon appareil.



Nous faisons le plein d'eau et nous nous remettons en route. La pente est très raide et le manque d'air me transforme peu à peu en vieillard. Je monte à la vitesse d'une limace et doit m’arrêter tous les 10 pas ou presque. Je n'aurais jamais pensé que l'altitude me cause autant de soucis. Heureusement, la brèche de Roland est en vue. Je prends une dernière petite pause en attendant Maxime qui m’emboîte le pas. Je devine le spectacle grandiose qui se déroule tout proche.



Nous arrivons à destination à la tombée de la nuit. Nous passerons les 2 prochains jours ici , à flanc de falaise , dans une grotte naturellement creusée dans le rocher. La météo est clémente et nous passerons cette première nuit à la belle étoile ..Nuit au final assez peu reposante , le mal d'altitude et une pleine lune éblouissante m'empêcheront de trouver le sommeil de façon prolongée .

Au petit matin , nous déjeunons en vitesse et partons au col tout proche (une dizaine de minutes à pied ) pour profiter du lever de soleil. Tout prend vraiment une autre dimension dans un endroit pareil.









Après une bonne heure et demie passée à admirer le spectacle , nous redescendons à notre campement , où je passerai la majeur partie de la journée à rattraper ma nuit de sommeil perdue la veille. En milieu d'après-midi , j'émerge finalement de ma torpeur et en profite pour immortaliser le point de vue. Ce n'est quand même pas tous les jours qu'on a une vue pareille depuis sa chambre.



Nous remontons un moment au col, histoire de voir ce qui se passe . Une mer de nuages mouvementée remplit la vallée côté français alors que de gros cumulonimbus poussent coté espagnol .





Le vent souffle assez fort , je m'installe au ras de la falaise pour m'en protéger un peu et j'observe Maxime parti voir un peu plus haut . Nous ne sommes définitivement pas grand chose devant la puissance de la montagne et des éléments.



La fin de journée arrivant, je monte le téléobjectif pour réaliser de belles images de mer de nuages aux lueurs du soir . Mais le front approchant par le Sud-Ouest ne laissera pas le soleil éclairer assez tard pour permettre à mon fantasme de se réaliser. L'ambiance est toutefois très agréable et j'apprécie chaque instant de cette calme fin de journée. Calme qui ne durera plus pour très longtemps désormais...



L'horizon s’est bien obscurci à l'ouest , et seule une pâle lumière rouge/rosée se devine. L'ambiance est vraiment particulière et présage assez bien de la nuit tourmentée qui nous attend .



De retour au campement nous montons la tente et l'encrons solidement dans le rocher. La nuit est maintenant tombée , nous prenons notre repas en scrutant l'horizon où l'on aperçoit les 1er flash lointains, un mélange d'excitation et de tension monte peu à peu en nous. Ce sera finalement vers minuit que les hostilités vont démarrer. Nous sortons de la tente et nous positionnons au fond de la grotte , afin d'être aux 1eres loges pour ce spectacle à la fois grandiose et terrifiant. Les montagnes qui renvoient et déforment l'écho du tonnerre rendent la chose complètement surréelle.




Malheureusement nous sommes rapidement engloutis dans les nuages et nous n'en sortirons plus pour les 6 prochaines heures. Nous ne voyons absolument plus rien , si ce n'est des flashs blancs aveuglants et un tonnerre toujours plus puissant et toujours plus proche.

Vers 5 heures du matin, la situation devient préoccupante : la foudre s'abat continuellement (toutes les 10 secondes environ ) sur la falaise directement au dessus de nous. Le bruit est insoutenable et toute la montagne tremble. Nous rentrons dans la tente , et attendons avec anxiété que l'orage s'évacue , ce qui sera finalement le cas vers 6 heures. Nous décidons alors de dormir un peu.

Je me réveille vers 11h , le brouillard est toujours là , bien que légèrement moins homogène que pendant la nuit. Nous plions la tente et entamons la redescente dans une ambiance assez sombre mais prenante
.




Nous arrivons rapidement à la brèche de Roland, imposante et inquiétante dans ce brouillard.




Depuis cette dernière, on devine la plaine au travers des nuages et le chemin du retour que nous allons emprunter d'ici peu.




En redescendant nous décidons de faire un crochet pour prendre un point de vue dominant sur le cirque de Gavarni. C'est alors que ce spectacle grandiose se dévoile à nous , pour notre plus grand bonheur.






Puis le ciel s’épaissit à nouveau , et la pluie commence à tomber . Je prends cette dernière image avant de ranger l'appareil dans le sac, alors que tout se floute et disparaît peu à peu devant mes yeux , comme la fin d'un rêve.




Il est désormais temps de rentrer , une descente calme , tantôt dans la brouillard , tantôt au soleil . La montagne se livre à un jeu d’apparition et de disparition partielle, que la lumière ne manque pas de sublimer. Je réalise cette ultime image , dernière salutation à la montagne , avant le retour définitif pour Toulouse.
Au plaisir de se revoir très chère !